vendredi 6 août 2010

Winter

Été 1987. Rick Bass et son amie Elisabeth partent sur les routes dans une vieille guimbarde. Leur but : trouver un endroit calme et isolé, loin de tout, pour pouvoir travailler au calme. Respectivement écrivain et peintre, ces artistes à l’âme bohème se lancent dans une quête quasiment perdue d’avance. Sans un sou et cherchant plus que tout l’isolement, ils ne parviennent pas à dénicher le lieu magique qui les comblera. Visitant successivement le Nouveau Mexique, l’Arizona, le Colorado, l’Utah, le Wyoming et l’Idaho, c’est finalement au Montana qu’ils trouveront leur bonheur, en faisant le gardiennage hivernal d’une maison dont le riche propriétaire vit en Floride. Dans une vallée perdue, au fin fond d’une région montagneuse, l’écrivain originaire du sud profond (Mississipi) va vivre un hiver des plus rigoureux. Du 13 septembre au 7 mars, il relate dans son journal intime les événements qui vont jalonner sa découverte d’un univers lui étant totalement inconnu.

La vallée du Yaak compte une soixantaine d’habitants, tous semblant plus isolés les uns que les autres. Dans ce monde de montagnards taiseux où la nature tient une place prépondérante, le couple d’étrangers va trouver sa place, en douceur. L’émerveillement devant la diversité et la liberté des animaux, les paysages d’une infinie beauté, les préoccupations quotidiennes très terre à terre (couper du bois, faire de longues ballades, vivre au ralenti) et forts éloignées des turpitudes de la société consumériste qu’ils exècrent sont autant d’éléments qui vont transformer ce séjour en véritable coup de foudre pour une vallée qu’ils ne quitteront plus.

Alors que retenir de ce journal de bord ? A vrai dire pas grand-chose. Le problème avec ce genre d’exercice c’est que l’on est dans un registre hyper-intime dont le but premier n’est pas forcément la diffusion auprès d’un large lectorat. Résultat, les événements relatés sont loin d’être passionnants pour un observateur extérieur. Entre les soucis de tronçonneuse et les pannes de voiture, il ne se passe pas grand-chose. Certes la solitude des habitants de la vallée et l’aspect contemplatif qui se dégage de certaines réflexions exercent un certain charme, mais cela reste trop peu. Il n’y a surtout aucun fil conducteur d’une journée à l’autre, les non événements se succèdent sans lien apparent, donnant à l’ensemble un coté déstructuré qui constitue une vraie faiblesse. Bref, l’ennui n’est jamais très loin pour le lecteur. Il apparaît soudain à l’ombre d’un mélèze centenaire et ne vous quitte plus pendant plusieurs pages. Difficile alors d’éprouver beaucoup de plaisir à la lecture de ses mini-chroniques, certes authentiques et très réalistes, mais qui manquent singulièrement d’épaisseur. Finalement, c’est typiquement le genre d’écrit qui trouverait sa place dans un magazine proposant par exemple une chronique par semaine. Réunie en un seul recueil, la recette est trop indigeste.

Quitte à choisir un ouvrage de Nature Writting, je préfère de très loin  Indian Creek  de Pete Fromm, qui a au moins le mérite d’être un récit souvent fort drôle et dont l’histoire est parfaitement structurée.

Malgré tout, en refermant Winter, il reste l’agréable sentiment d’avoir découvert à travers ce texte une des dernières régions sauvages des États-Unis.

Winter, de Rick Bass, éditions Folio, 2010. 260 pages. 6.60 euros.

L’info en plus : En 2007, Rick Bass a publié un autre ouvrage entièrement consacré à sa très chère vallée. Intitulé  Le livre de Yaak, ces nouvelles chroniques du Montana ont été publiées en France par les éditions Gallmeister. Le recueil est dans ma PAL depuis bientôt deux ans, j’avoue qu’après la déception Winter je ne sais pas si j’aurais le courage de m’y plonger un jour.

Ouvrage lu dans le cadre d’un partenariat entre Livraddict et les éditions Folio. Merci à eux !

3 commentaires:

  1. C'est un livre qui me fait très envie mais ton bémol sur l'absence de construction me dit que je devrais arrêter d'idéaliser ce bouquin lol !

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  2. J'ai lu Winter il y a quelques années maintenant et j'en garde un bon souvenir. Evidemment il faut aimer le nature writing. Généralement, il n'y a aucun suspense, ce sont des odes à la nature. Alors certes, Bass n'a pas le même talent que Abbey pour son Désert solitaire par exemple, mais je l'ai de beaucoup préféré à Pete Fromm justement. Comme quoi...
    Heu, si tu veux échanger Le livre du Yaak, je suis partante :-))

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  3. Celui-là ne me tente pas vraiment ...

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