mardi 4 octobre 2011

Le premier mardi, c'est permis (1) : Anthologie littéraire de la fellation

Le premier mardi, c’est permis. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Stephie. Le premier mardi de chaque mois, on peut parler d’une lecture inavouable, le genre de lecture dont on n’est pas fier et qu’on préfère garder pour soi. Pour ma première lecture inavouable, j’ai choisi l’anthologie littéraire de la fellation parue aux éditions Blanche au mois de mai. J’ai découvert ce titre grâce à Clara Dupont-Monod dans la matinale de Canal + (ça fait toujours bien de citer ses prescripteurs pour un bouquin pareil, question de respectabilité). Je l’ai évidemment commandé sur une libraire en ligne (pas question de passer devant la caisse de ma libraire préférée avec un opuscule au titre aussi sulfureux, toujours question de respectabilité). Heureusement, le recueil est tout petit (17 x 12 cm) et sa couverture d’une grande sobriété. Idéal pour le trimballer partout dans la poche de sa veste et le lire en toute discrétion au grand air.

Bon, pas la peine de vous faire un dessin, deux petites définitions de mon copain Robert suffiront. Anthologie : n.f. Recueil de morceaux choisis en prose ou en vers. Fellation : n.f. Acte sexuel consistant à exciter les parties génitales masculines par des caresses buccales. Mettez ces deux mots ensemble, intercalez entre eux l’adjectif littéraire et vous obtenez un recueil de 220 pages contenant 60 petits textes exclusivement dédiés à la fellation.

Sympa, mais plutôt répétitif. Pour éviter de s’ennuyer, il ne faut pas tout s’enfiler d’un coup (euh...). Disons que c’est typiquement le genre d’ouvrage dans lequel on vient picorer de temps en temps. Personnellement, il m’a fallu plusieurs semaines pour arriver au bout. Il faut dire que l’originalité n’est pas la qualité première de cette anthologie. Les « parties génitales masculines » comme le dit Robert sont souvent décrites avec les mêmes mots (en même temps, il n’y a que dans les dictionnaires d’argot que l’on trouve des dizaines de façons de parler d’une bistouquette). Et puis si le décor change, l’activité pratiquée est toujours la même.

Une constante en littérature lorsque l’on met en scène une fellation, c’est que tout le monde avale, comme si c’était la conclusion naturelle et obligatoire de l’acte. Autre constante, l’imagerie propre à l’éjaculation : explosion, flot de semence, giclée, inondation, jaillissement, petits jets, le lexique reste finalement très réduit. Certains sont toutefois plus poétiques : « J’avale soudain la houle, puis essuie de mes doigts d’étoile de mer l’écume de ton sperme mourant un peu sur mes lèvres. » (Astrid Schilling). C’est d’ailleurs bien là que peut se jouer la différence entre tous ces textes : sur la qualité de l’écriture. Malheureusement, il y a peu d’auteurs « classiques » dans cette anthologie. Apollinaire, Henry Miller, Alberto Moravia, Verlaine, Maupassant, Pierre Louÿs. 10% seulement. Le reste, c’est très moderne et pas toujours très bien écrit. Résultat, l’ensemble est bancal. Très homogène pas rapport au sujet traité (difficile de faire autrement) mais trop hétérogène qualitativement parlant. Une lecture agréable sans plus, à pratiquer avec parcimonie.


Anthologie littéraire de la fellation, éditions Blanche, 2011. 220 pages. 13,50 euros.

PS : un détail amusant tout de même, le recueil contient une chanson des Rita Mitsouko (La taille du bambou) que je ne connaissais pas du tout. Allez, je partage le texte pour les ignares dans mon genre qui ne connaitraient pas eux non plus. Et je partage le son à la fin de ce billet. Y a qu'à cliquer !

Ah, c'est beau, c'est chaud, c'est bon...
Cool... et agréable...
Cool... émouvant...
La taille du bambou
Pour faire une flûte
Et bien qu'elle jute
Toujours au goût du jour ?
Eh bien oui
C'est oui.


C'est une de ces choses
Que la vie propose
Et qui vaut le coup.
L'affaire est close
Une fois qu'on ose
On y prend goût.
Accélère, et stop
Accélère, accélère, accélère et stop !
Déccélère ! ... et ouf...


Et pourvu que ça dure très longtemps
On fait chanter l'instrument
Passe, repasse tout autour
Presse, caresse, refais le tour
Monte, et compte redescendre
Plonge, remonte par les méandres
De la longue et profonde et tendre glisse
Délice de se rendre à la base
Ecrase la phase dans un suspens
Resserre la chair dans une absence


Reprends doucement
Exagère dans la douceur
Mets d’la couleur
Agenouille et fouille un peu plus vite
Le flux monte au confluent des cuisses
Et ça glisse
Et c'est agréable, émouvant, hypnotisant...


Ce geste d'amour a-t-il toujours cours ?
Et bien oui ! C'est oui.






 
 
 





 

22 commentaires:

  1. Extra ! Et une lecture qui va très bien avec la mienne, puisque je me suis lancée dans Sade ;-)

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  2. Je ne connaissais pas non plus cette chanson. Je pense que je passerai mon tour pour la lecture de cet ouvrage :p

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  3. @ liliba : ce recueil est quand même beaucoup plus soft que Sade !

    @ Tiphanie : je ne crois pas que je vais convaincre grand monde de l'utilité de lire cette anthologie !

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  4. Comme quoi, parfois le titre est plus excitant que le contenu lui-même ;-)
    Je ne connaissais pas non plus la chanson !

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  5. Enfin, la fellation, ce n'est pas répétitif... bon moi je sens que je vais aller l'acheter en librairie et regarder bien droit la personne qui va me l'encaisser dans les yeux, rires ! Merci pour cette participation !!

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    1. Je suis toute chose de relire ton premier billet, tiens :)

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    2. ça ne nous rajeunit pas :p

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  6. Toi, tu vas avoir des recherches Google bien sympatiques ! :-))

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  7. Oui Choco, je crois que la fréquentation de ce modeste blog va exploser et attirer pas de mal de personnes pas forcément passionnées par la lecture...

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  8. je découvre ce blog...et d'une bien jolie façon!! Je serais assez curieuse de feuilleter cette anthologie...par pur esprit scientifique, bien sûr!!

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  9. Franchement, ce billet est juste génial ! Je ne sais pas si je lirai cette anthologie - au sujet prometteur (mouarf)- mais c'est génial de te compter parmi les participants de ce rendez-vous inavouable.

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  10. @ lancellau et Sara : merci pour les compliments, je me suis beaucoup amusé à rédiger ce billet et à découvrir les autres titres présentés dans le cadre du challenge de Stephie. Si tout va bien, je serais encore présent le mois prochain. Et puis parler de lectures inavouables et un rien crapuleuses le jour de la Toussaint, ça ne se refuse pas !

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  11. Ah oui, alors, il va y en avoir des déçus qui vont attérir ici! J'en ris d'avance! Je ne connaissais pas non plus cette chanson.

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  12. Pour une première participation... c'est un coup de maître ! Bravo ! Du coup, j'attends avec impatience le mois prochain pour voir ce que tu vas bien pouvoir nous trouver ! ;-)

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  13. Moi aussi je fais mes achats de lectures douteuses en ligne. Pas envie de tomber sur un pervers sur le chemin de la caisse. :-)
    Cette anthologie ne m'inspirait pas beaucoup, et elle m'inspire encore moins après t'avoir lu!
    L'auteur de l'instructive et intéressante Histoire raisonnée de la fellation (que je te recommande pour un prochain mardi!) déplore en effet le manque de vocabulaire associé à cette pratique, même s'il a réussi à dénicher quelques expressions fleuries dans la littérature.
    Pour ce qui est des requêtes, faut pas croire! J'en ai de beaucoup plus étranges sur mon blog perso que sur la Lubriothèque!

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  14. @ Noukette : et oui, pour être au rendez-vous le mois prochain, je vais devoir me creuser la tête !

    @ Marie : tu as raison pour les requêtes, Jusqu'alors, absolument rien de particulier. Par contre, j'en avais eu énormément avec mon billet sur Lulu femme nue, la BD de Davodeau.

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  15. J'adore ce billet surtout la partie sur la respectabilité...

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  16. eh oui Véro, on a tous quelques inavouables secrets !

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  17. Je vous invite à venir visiter ma modeste collection sur un thème très voisin. Une anthologie 'in progress' à laquelle j'essaie de convier les meilleurs.

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  18. Billet très drôle et chanson des Ritas Mitsouko que je ne connaissais pas non plus merci beaucoup :)

    belle découverte ;)

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    1. Pas de quoi, c'est un plaisir de partager cette découverte.

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  19. En effet, il a l'air mieux que la collection Osez mais c'est pas encore terrible terrible visiblement...

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