mercredi 19 septembre 2012

La Grande Odalisque de Bastien Vivès, Ruppert et Mulot

Vivès, Ruppert et Mulot © Dupuis 2012 
Carole et Alex sont des virtuoses de la cambriole. Ces pétillantes jeunes femmes n’ont pas froid aux yeux et n’hésitent pas à se lancer des défis à priori insurmontables. Tant que le client est prêt à y mettre le prix, tout est possible. Comme par exemple aller dérober Le déjeuner sur l’herbe de Manet dans le musée d’Orsay au nez et à la barbe des gardiens. Mais quand on leur demande de s’attaquer à La Grande Odalisque d’Ingres au Louvre, les deux copines doivent trouver une troisième comparse. Ce sera Sam, une spécialiste des arabesques à moto. Mais les choses ne se passent pas toujours comme prévu, même avec un plan infaillible…

Du pur défoulement, voila ce que proposent Bastien Vivès, Jérôme Mulot et Florent Ruppert. Au départ, ce devait être un hommage au dessin animé Cat’s eyes, adaptation télévisée du manga éponyme de Tsukasa Hojo. Mais contrairement aux sœurs de Cat’s eyes, Carole, Alex et Sam n’œuvrent pas pour la bonne cause. Dépourvues d’états d’âme, ce sont des professionnelles du larcin, autant attirées par l’appât du gain que par l’adrénaline. Et question adrénaline, le lecteur est servi. C’est bien simple, à coté de ces trois-là, les personnages de Tarantino, passent pour des petits joueurs. La Grande Odalisque est un récit épique émaillé de nombreux morceaux de bravoure. Mention spéciale pour la scène finale qui s’étale sur plus de 30 pages et où les filles et la police envoient la grosse cavalerie en plein musée du Louvre pour une succession de cascades dignes des plus grands films d’action.

Cet album a été totalement réalisé à six mains, chacun corrigeant en permanence le travail de l’autre. Techniquement, c’est très fort. Usant d’un art consommé de l’ellipse, les auteurs proposent un découpage tout simplement bluffant. Une vraie leçon pour les petits jeunes qui voudraient se lancer dans la BD ! Par ailleurs, l’absence totale d’onomatopées alors que quasiment chaque planche respire le bruit et la fureur est un parti-pris fort intéressant.

De la bonne bande dessinée, donc, au moins du point de vue de la narration. Pour le reste… J’avoue un peu piteusement que j’ai refermé l’album en me disant qu’il y avait longtemps que je n’avais pas lu une histoire aussi insignifiante. Trépidante, certes, qui en met plein les yeux, certes, mais qui reste sans grande saveur. Comme quoi, une belle mécanique, parfaitement huilée, peut se révéler au final une coquille vide sans véritable intérêt. Dommage.




La Grande Odalisque de Vivès, Ruppert et Mulot. Dupuis, 2012. 122 pages. 20,50 euros.


Vivès, Ruppert et Mulot © Dupuis 2012 




18 commentaires:

  1. Un exploit technique, en somme! Tu sembles déçu mais admiratif en même temps!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu as raison, quelque part, je suis admiratif. Si l'on s'intéresse au langage propre à la BD, il faut reconnapitre que c'est assez bluffant. C'est surtout en terme de scénario que je n'ai pas du tout été embarqué.

      Supprimer
  2. J'ai une collègue qui me rabat les oreilles avec cet album. Mais après la lecture de ton avis... je ne sais pas, cela étouffe un peu l'envie de lire. Des albums aux visuels somptueux, j'en ai croisé. Et dans cette catégorie, il y a les coquilles vides. Et aussi belles soient les illustrations, finalement, ces lectures ne m'ont rien apportées.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vila, tu as touvé les mots exacts, c'est un album qui ne m'a strictement rien apporté au niveau de l'histoire. Je suis resté totalement en dehors du récit et je n'y ai pas cru une seconde. Du coup, forcément, la déception domine.

      Supprimer
  3. ah, du coup je suis fier de moi de ne pas avoir craqué !!
    Comme dit chez Yvan, c'est le côté esprit "d'jeuns" où j'ai rien contre mais maintenant j'hésite fortement.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Moi non plus je n'ai rien contre l'esprit "d'jeuns" mais le problème c'est que je ne fait plus vraiment partie des d'jeuns, d'où peut-être l'impression de ne pas être en phase avec cet album.

      Supprimer
  4. J'ai un peu le même sentiment mitigé que toi après lecture... je suis pourtant assez fan de ce que fait Vivès normalement...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le problème de Vivès, je trouve, c'est qu'il produit trop. Je ne sais pas combien d'albums il aura signé en 2012 mais c'est assez énorme. Du coup, forcément, quand on réalise tant de planche dans l'année il y a du bon et du moins bon.

      Supprimer
  5. J'avais déjà lu quelque chose il y a quelques jours sur cette BD qui me laisse la même impression que ton avis : elle me fait l'effet d'être l'équivalent en BD d'un blockbuster. Comme ce qui m'intéresse dans un film ou un livre, c'est le scénario, et que les films d'action me gonflent, j'en déduis que cette BD n'est pas pour moi!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je me suis posé aussi la question de savoir si mes réticences ne viendraient pas du fait que j'ai moi aussi horreur des films d'action.
      Peut-être est-ce un problème de génération, que je suis déjà trop vieux pour ces histoires où tout se passe à 100 à l'heure^^

      Supprimer
  6. Mouis... Eh bien je pense que je risque de faire l'impasse sur celui-là, du moins pour l'instant... Même si Vivès est "accompagné", notre première rencontre s'était soldée par un échec cuisant...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Malheureusement je ne pense pas que tu changes d'avis si tu lis celui-là.

      Supprimer
  7. Les Inrocks en ont publié des extraits durant l'été et j'avais eu la même impression: il manquait quelque chose.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pour moi il manque surtout une certaine profondeur scénaristique. La psychologie des personnahes notamment aurait gagné à être davantage fouillée.

      Supprimer
  8. C'est toujours décevant ce genre de lecture. On pense que l'on va se régaler et finalement ça manque de relief. Dommage car il avait l'air intéressant.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne doute pas que certains lecteurs vont se régaler, on peut tout à fait trouver son compte dans un récit 100% action.

      Supprimer
  9. ce livre m'est tombé des mains tout simplement parce que les heroines sont des garces integrales,capables d'assassiner froidement tout un gang et de carboniser 2 helicoptères de la police avec leurs occupants(il faut dire qu'ils avaient le culot d'essayer de les arreter).Tout ça pour de l'argent et de l'adrenaline.
    inutile de dire que leurs emois de jeunes filles modernes m'ont autant interessé que les etats d'ame de marc dutroux devant un opera de wagner.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai eu le même manque total d'intérêt pour l'intrigue. Je suis rassuré par votre commentaire parce qu'il me semblait que cet album était un peu trop facilement porté aux nues, notamment par la presse (articles dans Le monde et Le Figaro, prix Landernau BD...).

      Supprimer

Je modère les commentaires pour vous éviter les captcha pénibles de Google. Je ne filtre rien pour autant, tous les commentaires sans exception seront validés au plus vite, promis !