mercredi 19 décembre 2012

Joe l’aventure intérieure - Grant Morrison et Sean Murphy

Morrison et Murphye
© Urban comics 2012
Joe a perdu son père à la guerre. Ado solitaire, atteint par un sévère diabète, il vit avec sa mère. Un soir en rentrant chez lui, il est foudroyé par une crise d’hypoglycémie. Le chemin le menant de sa chambre au frigo, où se trouve la canette de soda qui pourra le remettre sur pieds, va se transformer en parcours du combattant. En proie à des hallucinations, Joe devient dans son monde parallèle « l’enfant-qui-meurt » tandis que son rat domestique se transforme en samouraï protecteur prêt à affronter les armées des ténèbres.  

220 pages racontant le trajet effectué par un gamin insulino-dépendant entre sa chambre et son frigidaire, il fallait oser. Le cerveau en manque de sucre de Joe créé un univers d’héroïc-fantasy  violent et crépusculaire. Régulièrement, le lecteur revient dans la maison près de l’enfant malade avant d’être à nouveau projeté en plein délire. Cette alternance dans la narration n’est pas du tout perturbante, elle renforce le coté halluciné et désespéré de la quête de Joe.

Le trait de Sean Murphy est incroyable de vivacité et de précision. Certaines scènes de combat sont absolument bluffantes. Le découpage est un modèle du genre, à montrer dans les écoles. Seules les couleurs sont fades et sans grand intérêt, malheureusement comme souvent dans les comics (ok, j’avoue, je préférerais toujours le noir et blanc à la couleur, que voulez-vous, on ne se refait pas).  
  
Un one shot qui a vraiment tout pour plaire et pourtant je suis passé complètement à coté. L’univers parallèle est riche mais ne repose sur aucune fondation solide (rien de plus normal me direz-vous puisqu’il est issu d’une sorte de cauchemar incontrôlable). Du coup, je suis resté très éloigné des différentes péripéties, comme si je regardais tout cela de loin sans m’y intéresser le moins du monde. J’enrage parce qu’à lire les avis ici ou là, tous plus positifs les uns que les autres, je voudrais me persuader que cet album est un petit bijou d’intelligence à la construction imparable. Rien à faire, je n’y parviens pas. Je n’aime pas cette sensation d’avoir raté quelque chose, d’avoir manqué la finesse de l’analyse psychanalytique qui fait de ce récit une parabole sur les difficultés de l’adolescence, ce moment clé où l’on préfère parfois se réfugier dans des mondes imaginaires plutôt que d’affronter la dure réalité. Bref, je ressors insatisfait de cette lecture, en colère contre l’indifférence qui ne m’a pas lâché de la première à la dernière page. Un vrai gros raté.

Joe : L’aventure intérieure de Grant Morrison et Sean Murphy. Urban Comics, 2012. 224 pages. 19 euros.  

Une lecture commune que je partage une fois de plus avec Mo’. Je suis certain qu’elle a su apprécier cet album à sa juste valeur.



Morrison et Murphye  © Urban comics 2012




22 commentaires:

  1. Rhooo, tu as été clair et concis toi !! Pfff, un truc que je suis incapable de faire ^^
    Sinon je vais te surprendre, mais coté couleurs... j'ai bien aimé ^^ Etonnant... je ne m'en suis pas encore remise :D
    Et effectivement, j'ai aimé mais de là à dire que j'ai apprécié l'album à sa juste valeur... ^^ Merci pour la découverte M'sieur, ça m'a fait du bien de changer de mes catastrophes climatiques, guerre et tout le toutim ^^

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    1. Ma concision est surout dûe au fait que j'ai lu l'album il y a un certain temps déjà et qu'entre deux j'ai paumé les quelques notes censées m'aider à rédiger le billet.
      Du coup je me suis recentré sur ce qui me paraissait essentiel, en omettant sans doute pas mal de détails même si mon ressenti assez négatif a toujours été très clair.

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  2. vive les aventures intérieures - semble t-il !! ;)

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    1. Oui, au moins c'est une façon originale de traiter la question du diabète.

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  3. J'aime beaucoup Grant Morrison...il a apporté des idées neuves sur les X-men et Batman notamment...et ses intrigues sont généralement très fouillées quoique un peu complexes...je n'ai pas encore lu "Joe"...je le ferai bientôt certainement...d'autant qu'Urban comics présente des albums d'une qualité en présentation absolument incontestable...
    Amicalement...

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    1. Tu as raison d'insister sur la qualité de présentation de l'album. En plus de la préface de Martin Wonkler il y a un carnet de croquis assez passionnant en fin d'ouvrage.
      Sans compter que l'objet livre en lui-même est très beau avec son cartonnage épais et ses pages glacées. Du bon boulot d'éditeur, quoi.

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  4. Les voyages intérieurs me fascinent surtout lorsqu'il se transforment en voyage onirique donc je note !! De plus c'est un auteur que je ne connais pas et curiosité oblige !! ^^

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    1. Tu peux noter. Malgré mes réticences, c'est un album qui mérite que l'on s'attarde sur son cas.

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  5. Intrigant mais pas pour tout de suite. Besoin plutôt d'un peu de légèreté pour finir l'année.

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    1. Ce n'est pas léger, léger, je te le concède, mais il n'y a rien non plus de très plombant.

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  6. Ben alors monsieur Jérôme, il ne vous a pas emballé e voyage intérieur...? tss tss tss...
    J'aime bien vos lectures à deux en tous cas, vous nous faites de sacrées trouvailles ! ;-)

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    1. Ben oui, que veux-tu, il arrive parfois que l'alchimie ne se produise pas...

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  7. J'ai lu vos deux billets avant de répondre à chacun et je suis perplexe car partagée entre l'enthousiasme de Mo d'un côté et ta déception de l'autre. Conclusion: il faut que je le lise pour me faire ma propre idée. Apparemment les dessins devraient me plaire mais les délires un peu moins.

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    1. C'est ça, il faut se faire sa propre opinion sur cet album plutôt déroutant.

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  8. Je suis également un peu passé à côté de cet album. Le sujet est bien, la mise en images excellente, mais je n'ai finalement pas trop accroché à l'histoire de cet américain qui cherche sa bouteille de Coca-Cola :)

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    1. On ets au moins tous d'accord sur la qualité exceptionnelle du dessin, c'est déjà ça.

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  9. Ahhh dommage... pourtant le début de ton billet est "alléchant" et le thème semblait bien original. Tant pis

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    1. Ne tire pas de conclusions trop hâtives, malgré ce que j'en dit c'est un titre qui pourrait te plaire.

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  10. Je ne pense pas que ça me plairait, je préfère passer mon tour.

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  11. Je te comprends, ce n'est jamais une sensation agréable...

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    1. Non, ce n'est pas agréable. Heureusement que ça ne m'arrive pas souvent.

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