Affichage des articles triés par pertinence pour la requête pour services rendus. Trier par date Afficher tous les articles
Affichage des articles triés par pertinence pour la requête pour services rendus. Trier par date Afficher tous les articles

vendredi 27 avril 2018

Pour services rendus - Iain Levison

1969, au Vietnam. Le sergent Freemantle dirige sa section avec autorité. Billy Drake lui, débarque sur le terrain des opérations sans expérience et avec beaucoup de maladresse. Sous les ordres du sergent, la jeune recrue va connaître une carrière aussi brève qu’anecdotique.

2016, aux Etats-Unis. Drake est en pleine campagne pour sa réélection au poste de sénateur du Nouveau-Mexique. Freemantle est quant à lui chef de la police d’une petite ville du Michigan. Le premier, après avoir beaucoup enjolivé ses actes de bravoure durant la guerre, est mis en cause par l’un de ses anciens camarades. Il demande au second de valider sa glorieuse version des faits devant les médias. Une formalité, rien de plus. Juste un petit mensonge, l’air de rien, pour satisfaire les électeurs. Freemantle hésite, il a des principes. Il finit par céder, mais son petit mensonge va s’avérer dévastateur. Comme la chute d’un domino entraînant celle de tous les autres...

Toujours un plaisir de retrouver la plume acide de Iain Levison. Il dénonce ici les gros travers des politiques et leur capacité à tout mettre en œuvre pour arriver à leurs fins, coûte que coûte. Le mensonge est au cœur d’un récit alternant entre les événements de 1969 et leur répercussion sur ceux de 2016. Le lecteur, qui découvre ce qu’il s’est vraiment passé pendant la guerre, constate avec effarement à quel point la vérité peut devenir un détail effaçable d’un trait de plume pour peu que l’on sache se montrer persuasif et s’entourer de bons communicants.

Les dialogues sont comme toujours savoureux mais l’humour noir, si caractéristique de cet écossais exilé depuis près de cinquante ans au pays de l’Oncle Sam, est moins présent. Le ton se veut plus grave, désabusé, sans la moindre illusion. La fin est par contre inattendue et vient conclure avec une jolie pirouette ce court roman débordant de cynisme et de coups bas portés aux tristes manœuvres politiciennes. Enfin une lecture convaincante !

Pour services rendus de Iain Levison. Liana Levi, 2018. 220 pages. 18,00 euros.





vendredi 21 octobre 2011

Les Fabuleux Freak Brothers : Compilation T1 (1967-1974)

Ils sont trois frères. Affreux, sales, mais pas vraiment méchants. Le premier, ventripotent et débonnaire, se nomme Fat Freddy. Le second, un cow-boy psychédélique toujours coiffé de son stetson, s’appelle Franklin. Quand au troisième, c’est Phinéas, le penseur de la bande, tendance intello gauchiste. Ce trio de hippies est en quelque sorte le pendant américain de nos célèbres Pieds Nickelés, en plus trash. L’oisiveté est leur activité préférée. Leur raison d’être ? La drogue. Toujours en quête d’herbe à fumer, toujours prompts à planquer la réserve familiale en cas de descente des stups, ils n’ont qu’une devise : « La dope fait mieux passer les périodes sans argent que l’argent ne fait passer les périodes sans dope. » Adeptes des drogues planantes et hallucinogènes, ils refusent de toucher à l’héroïne ou au crack.

Symbole de la contre-culture des années 60, les Freak Brothers sont nés sous la plume de Gilbert Shelton. A l’époque, Dylan chantait « Everybody must get stoned », et les trois frangins ne pouvaient qu’acquiescer. Combi Voslwagen, cheveux longs, refus de la conscription et de la guerre du vietnam, défense de l’amour libre… tous les clichés propres à la génération Woodstock se retrouvent dans ce comics en noir et blanc où chaque histoire, imprimée sur du papier recyclé et diffusée à une toute petite échelle, tient généralement en une ou deux planches. Des personnages déjantés, de l’humour pas toujours très fin mais souvent franchement drôles, les Freaks Brothers avaient tout pour devenir des stars dans les milieux étudiants et Shelton est aujourd’hui considéré avec Robert Crumb comme l’un des pères de la BD underground américaine. La série a pris fin en 1992, après 27 ans de bons et loyaux services rendus à la cause hippie.

Un gag des Freak Brother se reconnaît au premier coup d’œil. Dessin pas toujours très maîtrisé, découpage à l’arrache avec parfois 17 ou 18 cases par pages, lettrage que ne renierait pas ma fille de six ans, tout cela fleure bon l’amateurisme des fanzines. Du pur underground, loin de toute considération esthétique et commerciale. Un énorme FUCK jeté à la face de l’Amérique puritaine. Forcément, ça ne plaira pas à tout le monde. Quelques réactions épidermiques sont même à prévoir si vos offrez un album des Freak Brothers à vos proches. Personnellement, cette série fait partie des petits plaisirs solitaires et inavouables que je m’autorise de temps en temps quand le besoin de décompresser se fait sentir.


Les Fabuleux Freak Brothers : Compilation T1 (1967-1974) de Gilbert Shelton, Éditions Tête Rock Underground, 2011. 176 pages. 28 euros.