lundi 13 février 2017

Mise en pièces - Nina Léger

La vie et l’œuvre d’une fellatrice qui n’oublie jamais, « la forme, la découpe, la chaleur particulière, la densité, l’odeur » de chaque sexe lui étant passé dans la bouche, j’aurais dû adorer. Cette Jeanne feignant le malaise en pleine rue pour être secourue par une âme charitable qu’elle emmène ensuite dans une chambre d’hôtel pour lui faire sa fête, elle avait avant le coup bien des atouts pour me séduire. Ben oui mais non. Parce qu’être dans la tête d’une femme obsédée par le sexe des hommes, c’est chiant. Du moins présenté de la sorte.

Je me suis laissé tenter après avoir lu dans la presse que Nina Léger signait là un futur classique de la littérature érotique. Euh… sérieusement ? On n’a pas dû lire le même livre. C’est d’une froideur clinique, aussi excitant que de se coller un glaçon sur les roubignoles. Jeanne et ses balades dans Paris, ses amants sans nom et sans visages, ses sextoys à foison. Jeanne la quadra célibataire dont on ne saura rien, à part qu’elle n’est pas une pauvre fille traumatisée par une jeunesse douloureuse, qu’elle n’a pas été  abusée sexuellement par un oncle de la famille ni qu’elle souffre d’un quelconque trouble mental. On sait donc ce que Jeanne n’est pas mais à aucun moment on apporte la moindre explication sur son comportement. Une façon de la déshumaniser qui lui ôte tout capital sympathie et garde le lecteur à distance, tellement à distance qu’il oscille en permanence entre dédain et ennui profond.

Après, l’écriture est tenue, il y a de beaux passages, mais aussi quelques effets de manche qui tournent à l’exercice de style un peu vain. Bref, la chair est triste et Nina Léger le démontre avec brio, difficile de le nier. Mais un brio qui ne m’a offert aucun plaisir, se contentant de me faire soupirer d’agacement entre deux bâillements. Après mon roman japonais décevant j’enchaîne avec une lecture pénible et sans intérêt. Ça s’appelle une mauvaise passe…

Mise en pièces de Nina Léger. Gallimard, 2017. 155 pages. 15,00 euros.





40 commentaires:

  1. Oui, une mauvaise passe. Heureusement, ça passe!

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  2. J'ai vu l'interview de l'auteure et elle ne m'a pas du tout convaincue de lire son livre.!

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    1. Je n'ai jamais entendu l'auteure parler mais ça ne me manque pas^^

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  3. J'ai entendu l'auteure sur France Culture dans une série d'émissions sur le corps des hommes. J'ai trouvé son propos intéressant, mais paradoxalement ça ne m'a pas donné envie de lire son livre...

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    1. Ce n'est peut-être pas si paradoxal que ça... du moins quand tu as lu le livre ;)

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  4. Classement sans suite quoi !
    Un mars et ça repart ? :P

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    1. Le lundi mais parce qu'un mardi ça aurait fait flop.

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  6. Si je le trouve en médiathèque, je jetterai un oeil.
    Les glaçons, parfois, tu sais... enfin bon... :)

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  7. Pas pour moi ça, je le crains... Je crois que je me lasse vraiment, en plus, de ce genre de "littérature"...

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    1. Ah mais là ce n'est pas du tout de la littérature érotique pour moi.

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  8. La chair, quand elle est triste, ça ne vaut pas grand chose. Nous attendrons donc ton prochain mardi pour une chair plus joyeuse... je te le souhaite ;-)

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  9. je l'ai vue chez Ruquier et ça ne m'a donné envie du tout. Voilà tout ce que je n'aime pas...

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    1. Décidément, elle semble avoir fait l'unanimité contre elle.

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  10. mouais, j'aime pas quand la chair est froide et/ou triste...

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  11. Pourtant, un glaçon sous les roubignoles, ça doit être bon pour la circulation sanguine, non ?

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    1. Euh... Je ne me porte pas volontaire pour vérifier cette théorie.

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  12. Finalement, tu ne l'as pas lu dans le train qui nous conduisait à Angoulême... Nous avons trouvé mieux à faire... ^^

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  13. L'avantage des mauvaises passes, c'est qu'elles passent.

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  14. Cette façon de "désuexaliser" le sexe, de le passer à la cryogénie (sans génie) pour le rendre présentable (ou que sais-je) me gonfle moi aussi profondément. Quand la chair est triste, passer son chemin et rejoindre une route mieux fréquentée, c'est ce qui t'attend après ce passage à vide ! :) On y croit ! Et enlève ce glaçon :D

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  15. Bon, merci de prévenir ! Excellent billet, très drôle, vous avez l'humour bien placé ! La chair n'est pas triste, elle est joyeuse, donc que cette dame remballe ses ennuis glacés. Je me demande pourquoi elle persiste...

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    1. Disons que c'est sa façon de voir les choses. Et que je ne la partage pas...

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  16. "aussi excitant que de se coller un glaçon sur les roubignoles" hahahahaha !! Pfff ce genre de littérature, je ne sais même pas à qui ça s'adresse. Ça veut passer pour osé, audacieux, sensuel, qui n'a pas froid aux yeux, et en même temps ça veut passer pour très intello et littéraire. Mouais, ben ça franchira pas ma PAL.

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    1. Clairement, ça veut passer pour très intello et très littéraire. Et clairement ça ne me plait pas.

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  17. "aussi excitant que de se coller un glaçon sur les roubignoles" ptdrrrrrr
    Je vois! :D

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  18. J'adore tes expressions ! Se coller un glaçon... Je vais essayer de la retenir (j'aurai sans doute du mal à la caser dans une conversation ceci dit ;-) )

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