West Fantasy T1 : Le nain, le chasseur de primes et le croque-mort de Jean-Luc Istin et Bertrand Benoit. Oxymore éditions, 2024. 60 pages. 15,95 euros.
mercredi 3 avril 2024
West Fantasy T1 : Le nain, le chasseur de primes et le croque-mort - Jean-Luc Istin et Bertrand Benoit
mercredi 27 mars 2024
J'y vais mais j'ai peur : journal d'une navigatrice - Clarisse Crémer et Maud Bénézit
Il y a deux parties bien distinctes dans l’album. La première s’attarde sur la naissance de la passion pour la course au large, les débuts en compétition et la longue préparation avant le départ de l’épreuve la plus mythique de la voile. C’est précis, parfois très technique, didactique et suffisamment vulgarisateur pour que les néophyte ne s’y perdent pas. La seconde (et la plus longue) couvre l’ensemble des presque 90 jours passés en mer. C’est clairement la plus intime, la plus introspective, et la plus passionnante.
Le récit d’une course en solitaire est forcément très autocentré, impossible de faire autrement. Pour autant Clarisse Crémer sait prendre du recul. Sur son quotidien à bord, sur son moral fluctuant, son émerveillement face à la beauté de ce qui l'entoure. La mise en image de Maud Bénézit retranscrit au mieux ce voyage intérieur. Il en ressort beaucoup d’humilité et de sincérité, saupoudré d'une bonne dose d'autodérision. Les émotions et sensations sont amenées avec beaucoup de finesse : doute, peur, incertitude, fatigue, questionnements, poids de la solitude, rien n'est éludé. La jeune femme souffre souvent du syndrome de l'imposteur, se demandant pourquoi elle a été choisie malgré son inexpérience alors que d'autres le mériterait sans doute bien plus qu'elle. Mais au final elle prouvera que la confiance accordée par son équipe était des plus légitimes.Un parcours forcément inspirant, qui montre que les rêves les plus fous peuvent se réaliser, avec de la chance, de la détermination et une aptitude insoupçonnée au dépassement de soi.
J'y vais mais j'ai peur : journal d'une navigatrice de Clarisse Crémer et Maud Bénézit. Delcourt, 2024. 220 pages. 24,95 euros.
mercredi 6 mars 2024
Orignal - Max de Radiguès
Un roman graphique qui aborde intelligemment la question du harcèlement à l’école. Le processus est décortiqué et révèle de façon implacable que le harcelé n’a souvent aucune issue. Mais la fin, des plus surprenantes, prouve une fois de plus qu’il ne faut pas grand-chose pour que les victimes se transforment en bourreau.
Une chose est sûre, ce n’est pas avec son ambiance graphique que cet album séduit. Trait minimaliste, quasi absence de décor, découpage en gaufrier de six cases hyper répétitif, il n’y a pas de quoi s’enthousiasmer esthétiquement parlant. Au moins la narration est fluide, c’est déjà pas mal. De toute façon, l’intérêt est ailleurs.Orignal, Frangins, Un été en apnée… Max de Radiguès sait mettre en scène avec justesse les affres de l’adolescence. Son récit est simple et touchant, il interpelle le lecteur avec pertinence sur un sujet délicat mais ô combien d’actualité.
Orignal de Max de Radiguès. Casterman, 2024. 150 pages. 25,00 euros.
PS : publié il y a dix ans en noir et blanc par Delcourt, cet album ressort aujourd’hui chez Casterman dans une version colorisée. Au passage le prix a augmenté de plus de 10 euros. Je veux bien qu’on me parle de l’inflation mais il y a des limites !
mercredi 28 février 2024
Le chantier - Fabien Grolleau et Clément C. Fabre
« Les ennuis juridiques, les clients compliqués, les assurances, la comptabilité, les problèmes de chantier, la recherche d’artisans, les délais qu’on ne tient pas, les gros coups de stress, les accidents de chantier, les malfaçons… », le scénariste Fabien Grolleau s’est inspiré de sa propre expérience d’architecte DPLG (Diplômé Par Le Gouvernement) pour mettre en scène les premiers pas balbutiants d’une consœur écartelée entre ses convictions et la dure réalité d’un métier où le client a (presque) toujours le dernier mot.
Tous les problèmes rencontrés au cours d’une carrière semblent être rassemblés sur ce seul chantier. Du coup l’ensemble apparaît parfois un poil caricatural mais au final le récit est instructif et Flora terriblement attachante. Clément C. Fabre, propose un univers graphique proche de celui de Julien Neel (Lou !). Son trait souple va à l’essentiel et offre une rafraîchissante spontanéité pleine de peps.Une lecture agréable qui permet de découvrir la réalité d’un métier aux multiples facettes, de la plus clinquante à la plus terre-à-terre. A noter que l’album avait déjà été publié il y a quelques dans la collection Marabulles. Il ressort aujourd’hui chez Dargaud, agrémenté de 10 planches inédites et d'une nouvelle couverture.
Le chantier de Fabien Grolleau et Clément C. Fabre. Dargaud, 2024. 130 pages. 21,50 euros.
mercredi 17 janvier 2024
Le bal des folles - Véro Cazot et Arianna Melone
Victoria Mas a obtenu un succès aussi inattendu que phénoménal avec son premier roman Le Bal des folles : Prix Renaudot des lycéens, inscription dans les programmes scolaires du lycée, adaptation cinématographique et, pour ce qui nous intéresse aujourd’hui, adaptation en BD.
D’un point de vue graphique, rien à dire, les aquarelles tout en douceur d’Arianna Melone rendent à merveille l’ambiance vaporeuse et éthérée qui traverse le récit. Pour ce qui est du scénario, le résultat est moins convaincant. Trop de scènes réduites à quelques cases, trop de scènes qui ont carrément disparu par rapport au texte d’origine, bref tout avance trop vite, au point que l’on a l’impression de survoler les événements. La psychologie des personnages n’est pas suffisamment approfondie et les femmes qui, dans le roman, suscitaient admiration et empathie, ont du mal à se rendre attachantes.
Conclusion, si l'on ne veut pas en déceler les faiblesses, mieux vaut lire cet album sans avoir lu le roman. Et en même temps, il vaudrait mieux ne pas en rester à la simple découverte de la BD si l’on souhaite profiter de toute la richesse de l’œuvre de Victoria Mas. Bref, débrouillez vous comme bon vous semble...
Le bal des folles de Véro Cazot et Arianna Melone (d’après Victoria Mas). Albin Michel, 2021. 130 pages. 21,90 euros.
mercredi 10 janvier 2024
Momo : l'intégrale - Jonathan Garnier et Rony Hotin
Il y a vraiment deux salles/deux ambiances dans cette intégrale. La première partie célèbre l’innocence de l’enfance et la simplicité d’une existence au grand air. Elle est joyeuse et pleine de vie. La seconde est beaucoup plus triste, pesante, silencieuse et souvent contemplative. Mais au final, l’apparent contraste entre les deux albums réunis dans cet unique volume offre une vision cohérente de l’ensemble du récit.
Graphiquement, Rony Hotin allie simplicité et lisibilité, rappelant parfois les débuts de Miyazaki, notamment sur l’animé Conan, le fils du futur.
Une BD douce-amère, oscillant entre joie, mélancolie et tendresse. Les thématiques de l’enfance, du deuil, de l’amitié et de l’amour sont abordées avec pudeur et sensibilité. Clairement, une BD qui fait du bien malgré la douleur de la perte d’un être cher.
Momo de Jonathan Garnier et Rony Hotin. Casterman, 2023. 175 pages. 25,00
euros.
mercredi 13 décembre 2023
Inoubliables - Fabien Toulmé
Fabien Toulmé fait du Fabien Toulmé et c’est tant mieux. Ne jamais prendre les gens de haut, rester à hauteur de ses interlocuteurs, leur offrir l’oreille la plus attentive possible, traduire leurs propos en images sans rien déformer, sans jamais émettre le moindre jugement. Humilité, pudeur, curiosité, volonté permanente de s’effacer pour bien signifier que la place du témoin est, de loin, plus importante que celle de l’auteur, la démarche est la même que dans son album précédent et le résultat toujours aussi convaincant.
Graphiquement l’usage répété du gaufrier en six cases identiques, de par sa simplicité, souligne la prédominance du fond sur la forme. L’intérêt premier de l’album n’est pas son esthétisme mais bien le propos qu’il porte. Tout ce qui compte ici est la lisibilité et pour le coup, elle ne souffre d’aucune lourdeur.Encore une réussite pour Fabien Toulmé. A priori ces Inoubliables vont avoir droit à une suite, je peux que m’en réjouir. Seul bémol, un prix de vente vraiment excessif pour un album petit format au nombre de pages plutôt raisonnable.
Inoubliables de Fabien Toulmé. Dupuis, 2023. 126 pages. 23,00 euros.
mercredi 22 novembre 2023
The Big Wall - Yoji Kamata et Kunihiko Yokomizo
Toutes ces histoires ont pour point commun la présence de Yasushi Senju, alpiniste de renom. Les clients font appel à ses services pour profiter de ses exceptionnelles compétences en haut altitude. Dans chacune des ses missions, la vie et la mort se côtoient. Et au-delà des conditions extrêmes dans lesquelles les personnages se retrouvent, le recueil donne à voir les motivations qui poussent chacun à mettre son existence en danger, pourquoi la haute-montagne fascine, enivre et pousse les hommes dans leurs retranchements les plus profonds, tant physiques que psychologiques.
Chaque nouveau chapitre met en scène des personnages différents mais Yasushi donne à l’ensemble une ligne directrice cohérente. Surtout que la dernière histoire permet de comprendre les raisons qui poussent cet alpiniste de l’extrême à multiplier les contrats tous plus dangereux les uns que les autres. Ses motivations, comme d’ailleurs celles de ses « clients » relèvent de l’intime et puisent leurs sources dans une histoire personnelle souvent chaotique.Le dessin est parfait pour ce genre de récit, épuré, hyper lisible, sans la moindre surcharge graphique. Les visages rappellent parfois le trait du grand maître Naoki Urasawa période Monster, autant dire une sacrée référence !
Pour leurs premiers pas dans le monde du manga les éditions Paulsen, spécialisées en littérature de voyage et d'exploration, signent avec ce one shot un coup de maître. Je me suis régalé du début à la fin, charmé à la fois par le traitement graphique du sujet et par la profondeur de réflexion philosophique. Une totale réussite.
The Big Wall de Yoji Kamata et Kunihiko Yokomizo. Paulsen, 2023. 250 pages. 20,00 euros.
mercredi 8 novembre 2023
Maltempo - Alfred
Je me réjouissais de revenir sous le soleil brûlant de l’Italie avec Alfred tant j’avais adoré Come Prima et Senso. La déception est malheureusement à la hauteur de mes attentes. La veine est moins poétique, moins philosophique, plus réaliste que dans les deux albums précédents de sa trilogie italienne. Les thèmes abordés sont d’actualité mais la touche sociale ne sonne que comme une partie du décor, rien de plus. Et puis cette histoire « adolescente » m’a moins touché que les récits mettant en scène les adultes. On a l’impression de rester à la surface, de ne pas creuser la psychologie des personnages, d’en être maintenu à distance. Ici il n’y a pas de surprise, tout est convenu, même la fin.
Malgré le charme des dessins, je sors de cette lecture déçu.
Essentiellement à cause du manque de profondeur du propos et du manque d’épaisseur
des personnages. Mais aussi et surtout parce qu’Alfred est un de mes auteurs préférés
et que chacun de ses albums doit forcément être pour moi une grande claque et
un immense plaisir. Ce n’est pas le cas cette fois, vivement la prochaine !
Maltempo d’Alfred. Delcourt, 2023. 185 pages. 23,95 euros.
mercredi 1 novembre 2023
Les royaumes muets - Séverine Gauthier et Jérémie Almanza
Leur Cœur de pierre m’avait enchanté il y a dix ans, c’est donc avec un plaisir non dissimulé que je retrouve aujourd’hui le duo Séverine Gauthier/Jérémie Almanza. Leur nouvel album aborde les thématiques de l’enfance et de la mort avec une forme de poésie qui n’a rien de macabre. L’univers des Royaumes muets est fascinant et la représentation de l’au-delà déborde d’originalité. Les dialogues fonctionnent à merveille et malgré un sujet pesant, la lecture n’aura jamais rien d’anxiogène ou d’effrayant pour les jeunes lecteurs.
Graphiquement, le trait de Jérémie Almanza possède toujours ce charme indéfinissable qui fait mouche à chaque page. On pense bien sûr à Tim Burton mais, au-delà de cette évidente référence, son style créé une atmosphère assez unique, entre le gothique victorien et une esthétique qui tire souvent vers le baroque. Les couleurs, les jeux de lumière, tout est pensé pour rendre au mieux les ambiances propres à chaque lieu et à chaque partie de l’histoire.La fin laisse penser qu’une suite est plus que probable. J’espère vraiment que ce sera le cas, je me réjouis d’avance de retrouver Perséphone et ses drôles d’acolytes !
Les royaumes muets de Séverine Gauthier et Jérémie Almanza. Éditions Oxymore, 2023. 80 pages. 18,95 euros.
lundi 10 juillet 2023
La guerre des Gaules de Tarek et Vincent Pompetti.
Niveau dessin rien à dire, les choix graphiques de Vincent Pompetti permettent une immersion parfaite dans la sauvagerie de l’époque. Et le dossier final incroyablement complet est une lecture des plus enrichissantes pour mieux comprendre, d’une part, les intentions des auteurs, et d’autre part, leur investissement sans faille pour coller au plus près des connaissances actuelles sur cette période pour le moins troublée de l’antiquité.
La guerre des Gaules de Tarek et Vincent Pompetti. Nouveau Monde éditions, 2023. 180 pages. 24,90 euros.
mercredi 28 juin 2023
Les cahiers d’Esther T8 : Histoires de mes 17 ans - Riad Sattouf
A côté de ça, Esther passe son BAFA et ce n’est pas de tout repos, surtout quand le stage pratique vire au cauchemar. Bref, la vie file et ce n’est pas rassurant. Ses parents vieillissent, le lycée se terminera bientôt, un nouveau cycle s’annonce et tout cela reste très flou. La jeune fille ne sait pas ce qu’elle veut faire plus tard, la jungle de Parcoursup qui s’annonce l’effraie. Heureusement, les copines sont toujours là. Les amitiés et la famille sont des bases solides sur lesquelles elle peut se reposer.
Riad Sattouf possède une capacité à restituer en images les réflexions et réactions d’Esther avec une pertinence de ton et un art du dialogue qui touchent au génie. Ses planchent surchargées de texte restent d’une parfaite lisibilité et on sent à chaque instant l’empathie, le respect et l’attachement qu’il porte à son personnage. Franchement, chapeau bas !Depuis le premier tome, Les cahiers d’Esther sont une
photographie du temps présent, une vision individuelle et intime de l’époque
qui touche souvent à l’universel. Au point que les sociologues de demain y
verront sans doute matière à comprendre et analyser la jeunesse d’aujourd’hui.
Les cahiers d’Esther T8 : Histoires de mes 17 ans de Riad
Sattouf. Allary éditions, 2023. 54 pages. 17,90 euros.
mercredi 21 juin 2023
Mojo - Rodolphe et G. Van Linthout
Graphiquement, le travail de G. Van Linthout colle parfaitement au propos : un lavis aux tons de gris délavés idéal pour illustrer cette vie en clair-obscur.
J’ai passé un excellent moment avec ce roman graphique à la construction simple et efficace, certes destiné aux amateurs de blues mais qui devrait pouvoir convaincre un plus large public.
Mojo de Rodolphe et G. Van Linthout, Éditions Vents d’Ouest, 2019. 192 pages. 22.00 euros.
mercredi 14 juin 2023
Metal Maniax - Slo et Fef
Slo / Fef © Lapin 2023 |
Une BD qui sent la sueur, où la bière coule à flot et le vomi se répand en flaques verdâtres. Un album parfois trash (logique !), souvent drôle et toujours bienveillant, à l'image d'une communauté qu'il ne faut surtout pas juger en se fiant aux apparences. En bonus, la petite histoire du métal en quinze dates qui vient conclure l'album permet de montrer l'évolution qu'a connu ce style musical au fil des décennies.
Ok, c'est pas pas toujours très fin et loin de prôner la modération en matière de consommation d’alcool mais la passion des auteurs pour le métal transpire à chaque page et les amateurs ne pourront s’empêcher de sourire devant certaines scènes qui leur rappelleront forcément des souvenirs. Une lecture divertissante et sans prise de tête, qui met à l’honneur une forme de contre-culture toujours très à l’aise avec l’autodérision.
Metal Maniax de Slo et Fef. Éditions Lapin, 2023. 166 pages. 18,00 euros.
mercredi 17 mai 2023
Gone With the Wind T1 - Pierre Alary
Grande fut ma surprise de découvrir que l’amour de Scarlett,
au départ du moins, n’était pas ce brave Rhett mais un certain Ashley Wilkes.
Et que malheureusement pour elle, Ashley était sur le point de se marier avec
une autre. Le cœur brisé et après avoir épousé par dépit un homme dont elle ne
fait aucun cas, Scarlett voit son quotidien bouleversé par le début la guerre.
Le conflit fera d’elle une jeune veuve et la poussera à s’exiler loin de la
plantation familiale, direction Atlanta. Et Rehtt dans tout ça me
direz-vous ? Eh bien le moins que l’on puisse dire c’est que le gaillard
est loin d’attirer la sympathie. Pour Scarlett il n’a même rien pour la
séduire. En tout cas jusqu’au moment où il lui sauvera la vie dans des
conditions dramatiques.
Alary © Rue de Sèvres 2023 |
J’ai aimé aussi les caractères marqués des personnages, Scarlett en femme forte capable de prendre les rennes quand tout s’écroule et Rhett en salopard à la fois cupide, cynique, lucide et amoral. Bien sûr, la vision idéalisée du mode de vie des états du Sud qui tourne au final à la défense de propriétaires terriens en lutte pour préserver leurs privilèges d'esclavagistes reste dérangeante, mais il ne faut pas oublier de la remettre dans le contexte et l'époque de la rédaction du roman.
Un dernier mot sur l’ouvrage en lui-même, magnifique objet-livre grand format au dos toilé. Vraiment aucune fausse note, espérons que la suite sera à la hauteur mais franchement, j'ai peu de doutes.
Gone With the Wind T1 de Pierre Alary (d'après l'œuvre de
Margaret Mitchell). Rue de Sèvres, 2023. 150 pages. 25,00 euros.
mercredi 3 mai 2023
L’adoption cycle 2, tome 2 : Les repentirs - Zidrou et Arno Monin
Au final ce second cycle dégouline de bons sentiments mais, malgré ses gros sabots, il s’en dégage des ondes positives qui réchauffent les cœurs. Toujours bon à prendre par les temps qui courent !
L’adoption cycle 2, tome 2 : Les repentirs de Zidrou et Arno Monin. Bamboo, 2023. 72 pages. 16,90 euros.
jeudi 20 avril 2023
L’adoption cycle 2, tome 1 : Wajdi - Zidrou et Arno Monin
J’ai beaucoup aimé la façon dont Wajdi est représenté. Son introspection, ses silences, ses réactions inattendues et déconcertantes, tout tend à le rendre aussi attachant que crédible. Le portrait de la famille d’accueil est à l’inverse trop caricatural. Des bourgeois qui ont envie de se rendre « utiles », qui semblent surtout vouloir renvoyer l’image d’humanistes philanthropes, ravis de recueillir des compliments sur leur démarche mais finalement bien peu ravis d’accueillir un nouvel arrivant dans leur foyer. Tout ça parce que Wajdi n’est pas un enfant « comme les autres », un enfant sans problème, un enfant qui va forcément être conscient et reconnaissant de leur bonté. Aucune volonté de le comprendre, aucune volonté de lui venir en aide, la condamnation de ses actes au fil de l’album ne cesse d’aller crescendo, jusqu’au point de rupture.
C’est dommage parce ça manque de finesse. Le trait est forcé, il ne laisse pas de place à un regard plus mesuré, plus compréhensif, alors que n’importe quel adulte serait à même de se rendre compte que l’adaptation du petit garçon va être longue, difficile et douloureuse. Sans doute est-ce là un ressort scénaristique qui servira dans le second tome pour remettre les sentiments de chacun « dans le bon sens ». Mais la ficelle est grosse et gâche quelque peu le plaisir de suivre l’intrigue.Niveau dessin c’est toujours un bonheur de retrouver la patte tout en douceur d’Arno Monin, son jeu sur les couleurs et la lumière, l’expressivité de ses personnages. Son trait se reconnaît du premier coup d’œil et c’est une qualité devenue trop rare pour ne pas être soulignée.
Une lecture en demi-teinte mais le bilan définitif concernant ce diptyque ne pourra être fait qu’après la découverte du second tome. Ça tombe bien, il m’attend sagement au pied de mon lit !
L’adoption cycle 2, tome 1 : Wajdi de Zidrou et Arno Monin. Bamboo, 2021. 72 pages. 16,90 euros.
mercredi 12 octobre 2022
Back to Japan - Mélusine Mallender, Laure Garancher et Clémentine Fourcade
Le projet est insensé, ses proches ne cessent de lui répéter. C’est une femme. Seule. Sa moto est en fin de vie. Les routes sont dangereuses, surtout à une époque où les téléphones portables sont loin d’être des petits bijoux de technologie et où il faut aller dans un cybercafé pour communiquer avec la France. Mais Mélusine est déterminée. Elle sait que le voyage ne sera pas de tout repos, elle sait que la peur va l’accompagner tout du long, mais elle ne veut pas laisser cette dernière gagner la partie. Car elle sait également que sa volonté d’aventure et de grands espaces sera plus forte que tout.
Entre le carnet de voyage, le récit de vie et l’autobiographie, ce Back to Japan ne cesse de diffuser de bonnes ondes à chaque coin de page. Parce que Mélusine Mallender est une exploratrice qui ne se la raconte pas. Parce qu’elle se livre en toute simplicité, sans jamais se plaindre, ni s’extasier faussement, sans jamais cacher les difficultés rencontrées ni les moments de bonheur partagés. Parce que son attitude et ses pensées laissent couler des torrents d’humanité (comme la couverture le suggère d’ailleurs magnifiquement). Parce que sans embarquer dans son sac à dos un féminisme militant elle défend en toute simplicité le droit des femmes disposer d’elles-mêmes, à suivre leurs aspirations avec passion et détermination. Et sans pour cela mettre un couvercle sur les problématiques posées par un si long voyage en solitaire alors que l’on ne fait pas partie de la gente masculine.Hymne à l’indépendance et à la liberté, ce road-trip transforme le dépassement de soi en aventure positive et vivifiante. Une lecture qui fait du bien, ni plus ni moins !
Back to Japan de Mélusine Mallender, Laure Garancher et Clémentine Fourcade. Nathan, 2022. 160 pages. 22,00 euros.